Le controle du parasitisme intestinal : nouvelle approche



Le controle du parasitisme intestinal : nouvelle approche
Longtemps l'objectif de la vermifugation a été de tuer les formes adultes des strongles. En fait tous les strongles exercent leur maximum de pathogénicité sous forme larvaire bien avant leur retour dans la lumière intestinale. Ainsi Strongylus vulgaris est responsable sous forme larvaire d'anévrismes de l'artère mésentérique des semaines voir des mois avant de revenir pondre des oeufs dans la lumière intestinale. Les petits strongles entraînent le plus de dommage lorsqu'ils émergent des kystes présents dans le caecum et le colon.
Maintenant on parle plus de prévention de contamination de l'environnement afin d'éviter le plus possible les formes infestantes.
La seule technique de contrôle reste le comptage des oeufs dans les crottins.

Pourquoi revoir les protocoles de vermifugation

En 1966 Drudge et Lyons ont décrit un programme de vermifugation où chaque cheval recevait un traitement de benzimidazole tous les mois. Avec la mise sur le marché en 1970 du pyrantel , de l'ivermectine et de la moxidectine en 1980, il a été recommandé d'alterner les classes d'anthelminthiques afin d'éviter l'apparition de résistances.
A l'heure actuelle la population de cyathostomes est résistante à 95 % aux benzimidazoles, et la résistance au pyrantel augmente (50%).
Parascaris equorum développe une résistance à l'ivermectine et à la moxidectine.
Certaines études montrent que le temps de réapparition des oeufs de cyathostomes diminue après traitement à l'ivermectine, passant de 8 semaines à 4 semaines. ceci serait dû à la présence de stades immatures dans la lumière intestinale, résistantes à l'ivermectine à ce stade.
Il faut donc revoir les protocoles de vermifugation. Traiter tous les chevaux à intervalle régulier semble être la raison majeure du développement de la résistance.
Avec l'apparition des vermifuges modernes, sans effets secondaires et peu onéreux, le vétérinaire est de moins en moins consulté dans le contrôle du parasitisme.
Les parasitologistes demandent une plus grande implication du vétérinaire pour mettre en oeuvre une stratégie de thérapie sélective.
Ils se basent sur le fait que seulement une minorité d'individus dans un cheptel, hébergent la majorité des parasites.
Une thérapie sélective consiste à ne traiter que les chevaux excrétant plus de 200 oeufs/gramme.
La raison est que chaque cheval a tendance à toujours excréter le même nombre d'oeufs dans le temps.
Des études dans différents pays, montrent que cette approche n'est pas encore très utilisée dans le monde du cheval, certainement car le vétérinaire n'est pas toujours impliqué dans les programmes de vermifugation.
Une directive européenne voudrait que la prescription de vermifuge ne soit faite que par un vétérinaire. Dans les pays où cette législation est en vigueur, le comptage des oeufs dans les crottins est une routine.
Dans la majorité des cas 200 oeufs/gramme est retenu pour des chevaux au pâturage.
Pour les chevaux présentant moins de 200 oeufs/gramme , il peut être intéressant de rechercher des grands strongles par coproculture afin de traiter les positifs.

Mesure de la résistance

Pour mesurer la résistance il faut disposer d'un comptage d'oeufs/gramme (OPG) avant traitement OPG1. Un deuxième prélèvement est effectué entre 10 et 14 jours après traitement OPG2. la réduction de l'excretion fécale d'oeufs (REFO) est exprimée par la formule :
REFO = (OPG1-OPG2)/OPG1 x 100

L'efficacité dépend de la classe de vermifuge utilisée.
Pour les benzimidazoles et les pyrimidines , REFO > 90% est considéré comme acceptable.
Pour l'ivermectine et la moxidectine , REFO > 95% est considéré comme un minimum.
La résistance à une classe est permanente pour un parasite, et il ne faudra jamais utiliser seul une molécule ayant montré une résistance. Il faut garder en mémoire que cette molécule peut être active sur d'autres parasites comme Parascaris equorum.
La résistance doit être mesurée pour chaque classe d'anthelminthiques dans un effectif.

Une étude portant sur la résistance en Italie, en Grande Bretagne et en Allemagne a montré:
Febendazole : résistance 80%
Pyrantel : 25%
Ivermectine : 3%
Moxidectine : 0 %

Mesure du temps de réapparition des oeufs dans les crottins (TRO)

L'intervalle entre le traitement et la réapparition des oeufs dans les crottins à un taux <80 REFO est appelé temps de réapparition des oeufs dans les crottins: TRO.
Ce TRO est prédictif pour chaque classe d'anthelminthiques.
Benzimidazoles : 4 semaines
Pyrantel : 4 semaines
Ivermectine : 6 à 8 semaines
Moxidectine : 12 semaines.

Parascaris equorum

Parascaris equorum est un parasite des jeunes chevaux.Il y a 20 ans il était très fréquent, mais avait plus ou moins disparu. On commence à revoir des oeufs dans les crottins, et parfois même en l'absence d'oeufs de strongle, ce qui signifie une résistance à certaines classes de vermifuges.
La femelle adulte pond des oeufs dans l'intestin grêle, qui sont rejetés dans les crottins. Dans la pâture une larve se développe dans l'oeuf au bout de 10 jours à 25°C. Les oeufs se conservent plus de 10 ans dans l'environnement. L'infection se déclare après ingestion d'oeufs. La larve émerge dans l'intestin grêle et migre par le foie et les poumons, avant de revenir dans le grêle approximativement au bout d'un mois. La maturation sexuelle a lieu environ 75 à 80 jours après l'ingestion.
Parascaris equorum entraîne le développement d'une immunité, c'est pourquoi c'est surtout un parasite des jeunes chevaux.
Parascaris equorum a développé une résistance à l'ivermectine et à la moxidectine.
Ces vermifuges sont persistants dans l'organisme et leur taux décline lentement. De nouveaux parasites peuvent être exposés à de faibles concentrations, ce qui a pour effet de sélectionner des parasites résistants.
Les benzimidazoles et les pyrimidines ne sont pas persistants et on ne connait pas de résistance aux benzimidazoles. Aux USA, on décrit des résistances au pyrantel qui a été utilisé quotidiennement à titre de prévention des cyathostomes.
Le problème des infections à Parascaris equorum est très marqué chez le pur sang à cause de l'interdiction de l'insémination artificielle. Si un foal contracte au haras une souche résistante, il peut la ramener sans qu'il soit possible de faire un diagnostic avant 80 jours.
La détermination de la REFO s'effectue entre 14 et 21 jours après traitement. Un traitement efficace a une REFO > 90% ou 95%.
Le moment du traitement est important. Une dose de 10 mg/kg d'oxibendazole a un REFO compris entre 94% et 100% pour des ascaris matures, alors que ces valeurs chutent à 44% lorsque l'administration est faite 28 jours après l'infection.
La présence de multirésistances impose de faire un contrôle annuel dans un effectif.
Un traitement de 10 mg/kg 5 jours consécutifs de fenbendazole est efficace à 99.7% quand il est administré 11 à 15 jours après infection.Ceci pourrait être utile pour traiter les foals quand ils retournent à l'élevage, afin d'éviter la contamination des pâtures par des formes résistantes.

Anoplocephales

Aucune résistance n'a été décrite pour les anoplocéphales à ce jour. Néanmoins la recherche des oeufs n'est pas facile. Le laboratoire a développé une technique permettant d'enrichir plus de 50 grammes de crottins. Cette technique semble donner de bons résultats.
Un traitement bi-annuel au praziquantel est recommandé.

Questionnaire pour l'étude du mode de vermifugation en France

Si vous voulez participer à cette étude vous pouvez télécharger le questionnaire ICI

Bibliographie

Controlling strongyle parasites of horses: a mandate for change
Craig R. Reinemeyer
Proceedings of the annual convention of the AAEP Las Vegas ,NV,USA,2009, Vol 55 pp352-360

Anthelmintic resistance in cyathostomin populations from horse yards in Italy,United Kingdom and Germany
Donato Traversa , Georg von Samson-Himmelstjerna, Janina Demeler, Piermarino Milillo, Sandra Schürmann, Helen Barnes, Domenico Otranto, Stefania Perruci, Antonio Frangipane di Regalbono, Paola Berldo, Albert Boeckh, Rami Cobb
Parasites & Vectors 2009 ,2(suppl 2) :S2

Restriction of anthelmintic usage: perspectives and potential consequences
Martin K Nielsen
Parasites & Vectors 2009 ,2(suppl 2) :S7

Diagnosis an control of anthelmintic -resistant Parascaris equorum
Craig R Reinemeyer
Parasites & Vectors 2009 ,2(suppl 2) :S8






Samedi 3 Avril 2010
frederic bermann
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